Photo © Lamouetterieuse
Le tic-tac à mon poignet murmure le temps qui passe. Je cours après l’aiguille mais elle se moque de moi. Je suis essoufflée de cette course contre la montre. Je suis dégoûtée. Je ne peux arrêter le temps. Il fonce devant moi. À petits bruits, à grands pas. Chaque seconde me projette vers l’instant d’après. Je me sens mal. C’est vertigineux. Le temps d’écrire est-il un temps perdu ? Chaque lettre est une fraction de temps, une mini seconde. Si toutes mes lettres se donnaient la main elles se trouveraient projetées dans un tourbillon d’encre. Elles ne voudraient plus rien dire. Marrée noire littéraire. Le temps les aurait englouties.
Le tic-tac à mon poignet hurle le temps qui passe. Il faut vivre, vite ! Chaque seconde est un défi à ma créativité. Que vais-je faire de la vie qui m’est donnée ? Quel rôle pour mes lettres, mes mots ? Les fractions de temps sont plus concentrées que l’air qui soulève ma poitrine. Elles vont plus vite que la respiration qui rythme ma vie. Elles me dépassent et leur cliquetis continuera, insolent, même après ma mort. Alors je tente un autoportrait pour immortaliser ma présence. Pour prouver que j’existe. Mais la seconde d’après il ne veut plus rien dire. Le temps l’a dépassé. Je suis désolée, bouche en biais.
Le tic-tac à mon poignet poursuit sa course vers l’infini. Je reste immobilisée dans mon humanité. Statufiée. Incapable de le maîtriser. C’est lui qui a gagné.
d’autres « Pensées sans retouches » à venir…
Magnifique texte !
J’adore !
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Merci !
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