PAR PETITES TOUCHES, Pensées sans retouches : Blancs peupliers

Le vent fait frémir les blancs peupliers.

J’entends la marée remonter,

Crêtes d’écume argentées.

Les vaches paissent paisiblement,

Humant l’iode au ras des prés,

La mère est pleine de lait,

Les pis pesants dans le vent.

Le vent fait frémir les blancs peupliers.

J’entends la marée redescendre.

Le long de la clôture en marchant,

Sous sa blouse de linon blanc,

La femme sent pointer ses seins gonflés

Piqués du plaisir à l’allaitement.

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PAR PETITES TOUCHES, pensées sans retouches : Vertige arrière

Photo © Lamouetterieuse

J’ai revu une photo d’une demeure que j’ai longtemps habitée. Le choc. Je me suis retrouvée au bord d’un précipice arrière. Un précipice qui plongeait vers des profondeurs sombres. Il commençait juste sous mes talons. Il suffisait qu’une pensée du passé m’assaille pour que le précipice s’ouvre, tel un château de sable s’effritant. Je perdais alors l’équilibre en arrière. Vertige arrière.

J’ai alors réalisé que, suite à mon divorce, j’avais perdu plus de trente ans de ma vie. J’avais perdu cette maison, et toute la jolie ville médiévale où elle se trouvait, un confortable appartement dans un agréable quartier parisien et mes amies que je revoyais régulièrement autour d’un thé ou d’un bon repas. J’avais aussi perdu mes quatre enfants, puisqu’ils ne venaient que très rarement me voir dans mon petit village.

J’avais tout donné pendant cette trentaine d’années. Abandonné études et travail pour me consacrer à mon mari et à mes enfants.

Fatiguée de la vie sans répit d’une mère de famille nombreuse, multitâche et corvéable à merci, j’ai pris énormément de poids et me suis retrouvée avec de graves maladies.

Mais je n’ai pas le droit de reculer, au risque de tomber dans le précipice. Il faut avancer, avancer, sans répit.

Ne pas se laisser aller en arrière. Ne pas être happée par le vertige arrière.

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PAR PETITES TOUCHES, pensées sans retouches : Toucher

Photo © Lamouetterieuse

Je t’ai tendu la main,

Elle tremblait de rien.

La mienne ?

La tienne.

J’avais le cœur entre les dents,

Je te l’offrais de bonne grâce.

Ainsi, pour toi, maintenant,

Ma vie au temps qui passe.

Viens avec moi dans les blés,

Courrons à nous essoufler,

Roulons à nous emmêler,

Rions, vivons, à nous toucher.

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PAR PETITES TOUCHES, pensées sans retouches : Cueillies

Photo © Lamouetterieuse

Je vous ai cueillies dans mon jardin

Vous qui êtes si belles,

Arrachées par ma blanche main

Si jolies fidèles.

J’aurais pu vous laisser sourire

Dans votre robe blanche,

J’ai préféré vous faire souffrir

En ce gris dimanche.

Vous avez bravé les averses

Et les vents violents,

Battu les idées diverses

Sur vos corsets blancs.

Moi je vous aime

Je vous aime tant,

Qu’un tout petit poème

N’en contient autant.

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